C'est en fait grâce
à la natation que vous êtes venu au cinéma... C'est exact. J'ai commencé
à nager à l'âge de quatre ans, à
Hawaï. Et en 1932, j'ai gagné le quatre-cents
mètres nage libre des Jeux Olympiques. Si j'avais
terminé seulement deuxième ou troisième,
je n'aurais jamais fait de cinéma, et aujourd'hui
je serais sans doute homme de loi à Honolulu.
Mais à la suite de ma victoire, je fus engagé
par Paramount, pour tenir le rôle principal dans
un film de jungle. C'était
une sorte d'imitation de Tarzan, King of the Jungle... En effet. Et contre mon
gré, on me sortait de ma jungle pour me ramener
à la civilisation. Le film était fort
bien réalisé, par Bruce Humberstone, et
il était en tout cas bien supérieur au
serial dans lequel je devais incarner Tarzan, quelques
années plus tard. Je crois bien que c'était
vraiment là la plus mauvaise adaptation jamais
faite de l'oeuvre de Burroughs ! Comment êtes vous devenu Flash Gordon
? J'adorais
les bandes dessinées d'Alex Raymond. C'était
pour moi le plus grand spécialiste du genre,
avec Norman Rockwell. Un jour, j'appris par Hollywood
Reporter que Universal avait un Flash Gordon en projet.
Cela me paraissait un peu insensé : comment traduire
en images l'imagination débordante d'Alex Raymond
? Toutefois, cela m'intéressait suffisamment
pour que j'aille au studio, voir qui passait les tests.
A cette époque, tout le monde connaissait au
moins une personne dans chaque studio et je n'eus donc
pas beaucoup de mal à entrer. J'étais
sur le point de repartir, lorsque quelqu'un attira sur
moi l'attention du producteur, Harry McRae. II vint
vers moi et me demanda ce que je faisais là.
Je lui répondis que j'étais venu simplement
par curiosité. Ce qui était vrai. On discuta
un moment, et finalement, il me demanda si j'avais envie
de jouer le rôle. J'étais alors sous contrat
avec Paramount, et je le lui dis. II répondit
qu'il allait s'arranger pour que Paramount " me
prête " à Universal, le temps d'un
film. Dans ce cas, je serais bien obligé de faire
le film, mais j'espérais bien que Paramount refuserait,
ou que je serais alors sur un autre film. Mais en octobre
1936, j'étais à Universal, prêt
à tourner le premier de la série. Je fis
en tout trois Flash Gordon, en 1936, 1938 et 1940.

Et en 1939, vous
avez tourné un Buck Rogers. Oui, parce que le studio voulait changer
un peu de Flash Gordon. Mais ils en mirent un autre
en chantier. Et celui-là, c'était
vraiment une escroquerie. Un mélange entre un
deuxième Buck Rogers et un troisième Flash
Gordon. La véritable raison qui les a amenés
à le tourner est qu'ils avaient un nombre impressionnant
de stockshots à utiliser, provenant surtout des
deux films précédents. Ils n'avaient donc
pas besoin de construire de nouveaux décors.
Comme ils avaient à peu près les mêmes
acteurs, ils choisirent de faire un troisième
Flash Gordon, plutôt qu'un second Buck Rogers.
Qu'avez-vous fait
entre King of the Jungle et Flash Gordon ? Je tournais des films pour
Sol Lesser, qui produisit pas mal de Tartan. Et puis
à la Paramount j'acceptais tout ce qu'on me proposait,
ce qui m'a permis d'apprendre toutes les ficelles du
métier. Je jouais u les durs ", " les
méchants " dans des tas de Séries
B, avec des gens passionnants, Akim Tamiroff, J. Carrol
Naish, Robert Preston, Lloyd Nolan, Anthony Quinn, qui
débutait à cette époque. J'ai tourné
aussi pas mal de westerns, adaptés par Paramount
de l'oeuvre de Zane Grey. Il y en avait en particulier
un qui était excellent, Nevada. Je fus aussi
prêté à d'autres studios. J'ai même
été le héros d'un film avec W.C.
Fields, Akim Tamiroff et Cesar Romero. Au cours de cette
période, j'ai surtout beaucoup appris en travaillant
avec Akim Tamiroff. J. Carrol Naish observait le moindre
geste de Tamiroff lui aussi... Comment se passait le tournage de Flash
Gordon ?
Nous étions obligés de nous lever à
sept heures le matin, pour le maquillage. A huit
heures, nous étions prêts à tourner.
Nous ne sortions jamais du studio, pas même pour
le repas du soir. Nous dînions sur le décor,
avant de travailler encore quelques heures. Les acteurs
étaient censés pouvoir disposer de douze
heures de repos entre chaque jour de tournage, mais
à cette époque les syndicats n'étaient
pas très puissants, surtout à la Universal
! Cela dit, ce fut vraiment une surprise pour moi d'apprendre
que quand le film fut distribué, en 1937, il
était le deuxième des films Universal
les plus rentable. Que
pensez-vous de ces films quand vous les revoyez aujourd'hui A mon avis, les scénarios,
et plus encore les dialogues, étaient en général
déplorables. Je pense sincèrement qu'ils
étaient très mal faits. Mais les enfants
allaient au cinéma pour s'amuser, être
surpris par le peuple de la forêt, les hommes-requins
ou les dragons, alors ils ne disaient pas que le dialogue
était mauvais, ou que c'était mal fait,
ils étaient passionnés. Et ils revenaient
la semaine suivante. C'est ce pour quoi les serials
étaient conçus. Avez-vous vu Flesh Gordon ? (film X
de 1974)
En partie. J'ai quitté la salle, car je trouvais
ça exécrable, mis à part les effets
spéciaux, qui sont plutôt réussis.
Universal aurait
en projet un remake de Flash Gordon. En avez-vous entendu
parler ?
On m'a même contacté ! Non pour jouer le
rôle de Flash, mais pour celui de Ming, son ennemi
héréditaire, l'empereur de la planète
Mongo. On parle aussi d'un Tarzan, très fidèle
à l'oeuvre originale, un projet de plusieurs
millions de dollars. C'est Robert Towne, l'auteur de Chinatown, qui doit écrire
le scénario. Ce film se fera en 1980,
mais Larry
n'y participera pas .
Propos tirés du livre"Série
B" de Pascal Merigeau et Stéphane Bourgoin, tous droits réservés . |