URSS,
N & B , muet, 70 mn Réalisateur:
Yakov
PROTOZANOV Scénario:
Aleksei
Fajko, Fyodor Ocep tiré
du roman d'Alexei
Tolstoï Décors:
Sergeï
Kozlovski, Costumes d'Alexandra
Ekster Maquettes:
Isaak
Rabinovich, Victor Simov Maquillage:
Nicolas
SOROKIN Acteurs Nikolai
TSERETELI...Loss
; Vera
KUINDZI...Natacha
femme de Los Julia
SOLNCEVA...Aelita, la reine de Mars; Konstantin
EGGERT...Tuskub,
Roi de Mars Yuri
ZAVADSKY Gor,
gardien de l'énergie;Aleksandra
PEREGONEC...Ihoshka,
une martienne Igor HINSKY...Le détective Kravkov
; Nikolai
BATALOV...Gussev,
soldat de l'armée rouge Vera ORLOVA...Macha,
son épouse; Pavel POL...Erlih, un spéculateur;
N. TRETIAKOVA...Elena Erlih
Pendant les difficiles années du communisme
de guerre, l'ingénieur Los construit un appareil destiné
à voler vers la planète Mars. Ce qui le stimule dans
l'accomplissement de cette invention, ce n'est pas tant le rêve
de découvrir des mondes inconnus que les innombrables difficultés
quotidiennes qu'il rencontre sur la Terre. Loss veut quitter
cette Terre maudite, ou l'on a faim et froid , ou le voisin de palier
fait une cour assidue à sa femme. Après une querelle
conjugale, Loss dans un accès de jalousie tire sur sa
femme et s'enfuit de la maison, décidant de s'envoler immédiatement
sur Mars. Deux compagnons partent avec lui : Gussev, le joyeux
soldat de l'armée rouge démobilisé qui rêve
d'instaurer la révolution sur Mars et Kravkov, le détective
poursuivant Loss pour le meurtre de sa femme. Une fois sur Mars,
le coeur de Loss est conquis par la souveraine de la planète, Aelita . Les intrigue du premier ministre font échouer
Los et ses compagnons dans les caves où sont détenus
les esclaves de Mars. Gussev, avec l'aide de la servante d'Aelita
réussit à s'échapper et fait se soulever les
esclaves de Mars. Au dernier moment, quand le soulèvement
est sur le point d'être couronné de succès,
Aelita, auparavant très bienveillante pour les représentants
de la Terre, les trahit. Loss est furieux, il se réveille
dans la gare de Moscou où il a abouti quand il fuyait le
détective. Le vol sur Mars, la romance avec Aelita, la
révolte des esclaves martiens, tout cela n'était qu'un
rêve. Rentré à la maison, Loss apprend qu'il
n'a pas tué sa femme et que d'ailleurs elle ne l'a pas trahi.
L'inventeur jette au feu ses dessins et décide de rester
sur la Terre qu'il aime à nouveau.
Film
SF de prestige, tiré du roman d'Alexei Tolstoï, servant la propagande bolchévique afin de faire
la comparaison entre la Russie de 1921 et Mars devenue
une planéte capitaliste !! Trés innovant
dans les décors et costumes de style expressioniste
. Un détail particulier :les travailleurs
martiens sont mis au "frigo" quand on n'a
pas besoin d'eux !!
Comme spectacle
de science-fiction socialiste avec des décors
magnifiques qui évoquent le constructivisme et
le cubisme, Aelita était le premier film à
grand-budget fait en Russie.Avec une année et
un demi passée dans sa réalisation , Aelita
a été fait dans l'intention d'obtenir
un film populaire idéologiquement correct qui
pourrait rivaliser avec les grands succés
du cinéma d' Hollywood. Cependant,
l'influence du film est difficile à estimer
Costumes au style géométrique
jouant du noir et blanc
.
Les décors incroyables au dessin
avant-gardiste dues à Alexandra Exter et son
protégé Isaak Rabinovich seraient bientôt
repris par Fritz Lang dans Métropolis, et les
décors de la planète Mongo dans Flash
Gordon rappellent fortement la vision de Mars
dans Aelita. Le dessin artistique choisi pour Aelita
est un moyen simple de dépaysement extra terrestre.
Des piques partent en rayonnant du
chapeau de la Reine. Les portes s'ouvrent comme un diaphragme
d'appareil-photo. La bonne d'Aelita porte un bonnet
spiralé qui paraît tourner autour
de sa tête. Gor, le gardien de l'énergie
de la planète,est habillé d'un costume
en tubes plastiques. Les sentinelles ressemblent à
des robots, avec des masques sur le visage et d' énormes
joints sphériques aux épaules. Les escaliers
commencent dans une direction puis partent en arrière
dans d'autres directions comme dans les dessins d'Escher.
Les colonnes se voûtent comme les côtes
d'une gigantesque cage thoracique. Les sages martiens
marchent leurs mains placées dans de grands médaillons
façonnés qu'ils portent sur leurs poitrines.
Des fils qui fonctionnent comme les cordes d'une harpe
entourent de petites mares et rayonnent jusqu'aux hauts
plafonds. Le télescope de Gor ressemble au mât
d'un bateau avec des entretoises, des prismes, et des
triangles au lieu de voiles. C'est la représentation
d'un monde comme aucun autre n'a jusqu'à présent
été illustré en film.
Décors volontairement
gigantesques et asymétriques pour accentuer
l'effet expressioniste du film
Alors que ce sont les scènes sur Mars qui
ont attiré l'attention sur Aelita, la plus
grande partie du film se passe à Moscou. Aelita
raconte l'histoire d'un ingénieur nommé
Los qui devient de plus en plus soupçonneux car
il croit que sa femme lui est infidèle. Los s'efforce
de construire un vaisseau spatial. À la périphérie
de la ville, dans une grande structure ressemblant
à une grange, Los et ses "camarades"
construisent un vaisseau spatial en forme de ballon
qui ils l'espèrent les emmenera dans l'espace. Los, en particulier, rêve que le vaisseau l'enportera
sur Mars où il pourra rencontrer la femme de
ses rêves, Aelita. Au même moment, celle-ci
désire passionnement voir la Terre. Elle use
de ses charmes féminins pour séduire Gor
afin d'avoir l'accès à son télescope.
" Montrez-moi les autres mondes! Personne n'en
saura jamais rien , " lui dit-elle.Gor l'emmène
à la Tour d'Énergie Radiante et lui laisse
jeter un coup d'oeil furtif à la Terre.
Elle voit des cuirassés de marine, des caravanes
dans les déserts, et la circulation urbaine de
Times Square. Quand elle voit le baiser que Los donne
à sa femme, Aelita veut essayer la même
chose avec Gor: " Touchez mes lèvres avec
vos lèvres, comme ces gens sur la Terre ont fait
". Les scènes sur Terre
sont animées par le jeu de deux acteurs secondaires:
Gussev ,joueur d'accordéon,est un soldat
de l'Armée Rouge qui revient à Moscou
pour " rééducation ". Ravi
de pouvoir retrouver de l'action, il se joint à
l'expédition de Los vers Mars.
Et un nommé Kratsov qui rêve de
devenir détective dans la police. Pour impressionner
le Chef de Police, il décide d'enquêter
sur un récent délit et d'en trouver
l'auteur.
Gussev et Kratsov aménent beaucoup au
côté comique du film. Pendant que le
drame entre Los, sa femme (Natasha) et leur voisin du
dessus (Erlich), plus les doutes de Los sur la
fidélité de sa Natasha, fournissent la
tension dramatique, les scènes avec Gussev et
Kratsov apportent une atmosphére moins pesante
au film. Le drame sur Terre n'est pas sans intérêt
, mais c'est un scénario assez ordinaire.
Si ce n'était pas pour les scènes sur
Mars, nous ne nous soucierions probablement plus du
film aujourd'hui . Les scènes martiennes
vehiculent le message politique le plus marquant du
film. Quand les Terriens arrivent sur Mars par le vaisseau
spatial de Los, Gussev commence à immédiatement:
aranguer les ouvriers "Camarades, ne comptez
que sur vous même. . . . Regroupez-vous dans une
Union Martienne des travailleurs avec les Républiques
Soviétiques Socialistes ". Peu de temps
aprés, une révolution totale éclate.
Les scènes ou les ouvriers se révoltent
contre la classe dominante seront réprises jusque
dans la série Flash Gordon du studio Universal
en 1936. James Newman
(DVD Review )
"En
dehors du kitsh martien à la sauce bolchévique,
ce film a une véritable importance historique.
Aux dires des témoins, le film documente de manière
très réaliste l'ambiance qui régnait
à Moscou (où de nombreuses scènes
se déroulent) durant la Nouvelle Politique Économique
post révolutionnaire. D'autre part Il s'agit
de l'unique superproduction du cinéma soviétique
: une distraction populaire, politiquement correcte,
mais capable de concurrencer l'envahissement du cinéma
hollywodien et l'aura artistique du cinéma expressionniste
allemand. Protazanov, un roi du cinéma russe
pré-révolutionnaire, avait été
persuadé d'honorer la naissante industrie du
film soviétique de son talent et son prestige.
La production a duré plus d'un an et demi, les
décors et costumes ont été trés
soignés, conçus par des artistes de l'avant-garde
constructiviste. Ainsi à Moscou, des figures
géantes d'Aelita et son roi étaient reproduites
sur la facade du cinéma, entourées de
colones illuminées et des formes géométriques
rappellant les décors du film, le tout éclairé
par des flashs; l'assaut de la foule fut tel que le
réalisateur lui même n'a pu assister à
la première... En province des avions larguaient
des milliers de tracts/pubs au dessus des villes où
le film allait être projeté. Le grand
succès populaire du film a vite attiré
des critiques de la classe politique : une distraction
futile "à l'occidentale", trop chère
à cause de l'emploi d'artistes trop éloignés
de la classe laborieuse. Après l'émergence
d'un style révolutionnaire bien différent
(Eisenstein, Vertov) il fut retiré de la circulation.
Malgré cela des copies en excellente condition
ont survécues. Un film trés particulier..." Traduction de
Luc Aussillon (avec mes remerciements )
Selon Mezrabpom, le problème essentiel
posé par Aelita était d'en faire un film
à grande mise en scène pouvant soutenir
la concurrence des films étrangers. Mezrabpom
ne ménagea pas les dépenses. Les plus
grands maîtres furent appelés : à
commencer par l'écrivain Alekseï Tolstoï
(qui d'ailleurs ne participa que très peu
à la rédaction du scénario tiré
du roman. avant confié cette tâche au dramaturge
A. Fajko et au réalisateur F. Ocep). Pour la
mise en scène. le meilleur réalisateur
du cinéma prérévolutionnaire Jakov
Protazanov fut invité et ce dernier choisit un
groupe de travail expérimenté et talentueux.
Une publicité tapageuse précéda
la sortie du film. Sur les page de la Kinogazetta on
vit les mots mystérieux " Anta...
Adeli... Outa... " (c'étaient les signaux
que le héros du film transmet depuis Mars). Les
réalisateurs donnèrent des interviews
grandiloquents. Le succès du film ne répondit
pas aux espoirs. Dans la presse parurent des critiques
froides. même négatives : " La
montagne a accouché d'une souris " écrivaient
les Izvestia. considérant que les qualités
artistiques du film n'étaient pas à la
hauteur de la publicité qui lui avait été
faite. Mais les spectateurs vinrent tout de même
volontiers voir le film. Egalant le succès des
" Diablotins rouges " - 1923 par le
nombre des spectateurs. Aelita eut un grand public,plus
grand que les films à grand spectacle étrangers.Il
ne faut pas amoindrir la valeur artistique du film.
Ses défauts essentiels étaient son manque
de précision et son éclectisme. Les scénaristes
et le réalisateur n'avaient pas compris l'idée
progressiste d'Aleksej Tolstoi qui avait opposé
la Terre (l'Union soviétique) à la
culture triste et décadente de Mars ,à
l'époque où la plus grande partie
des utopistes bourgeois idéalisaient les contrées
fantastiques et parlaient avec pessimisme de la Terre.
Les auteurs du scénario suivirent non pas Tolstoï,
mais les utopistes fuyant la réalité.
séduits par la possibilité de faire un
film brillant avec l'exotisme de Mars, en comparaison
du prosaïsme de la Russie révolutionnaire.
Heureusement que la réalité fut autre.
Les facteurs indiscutablement positifs étaient
la grande expérience du metteur en scène,
le soin avec lequel avaient été réalisés
les décors, les costume, le maquillage, la qualité
de la photographie et l'interprétation des acteurs,
quoique hétérogène.
Pour Protazanov,
Aelita fut comme un laboratoire où il élabora
la voie dans laquelle il se dirigerait dans ses films
ultérieurs. Les scènes décadentes
et modernistes de Mars disparurent de ses autres films
.Le mélodrame, issu des films prérévolutionnaires,
(les scènes de Los avec sa femme),fur surmonté.La
ligne comique et excentrique fut poursuivie dans les
films "Le Tailleur de Torjok "-1925 et autres,
auxquels participa Hinsky. La ligne satirique de l'homme
de la NEP s'élargit dans les comédies
satiriques (principalement lorsqu'elles étaient
basées sur un matériel occidental). Et
enfin. le drame de moeurs psychologique trouva son origine
dans le réalisme des scènes de Gusev . R .N. Juvenev Essais
sur l'histoire du cinéma soviétique
Bibliographie Le Cinéma
Russe et Soviétique -1981-
Ed.Centre Georges Pompidou
Videos DVD (PAL Z2) 1) Bach Fims (2005) 2) Editions
Montparnasse Version Originale et Version Originale sous-titrée
français 85 mn vidéo Disponible en VHS,
version Kino International - 1991
Aelita, the Queen of Mars"
est disponible en DVD (zone1) version retaurée
d 'Image Entertainment avec
des intertitres supplémentaires et une partition
musicale au piano d'Alexander Rannie reprenant
des thémes de Sergei Prokofiev.
Aelitadossier en anglais
relatif à l'Astronautique russe, extrémement complet.
Dans les années 60 le projet Aelita avait pour but d'envoyer
une fusée sur Mars, de s'y poser et de ramener des échantillons
sur Terre . http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/articles/aelita.htm
Les Alitas
dans le film japonais "Mothra contre Godzilla" ce sont le nom de 2 petites fées (
12 cm de haut ) qui vivent dans l'île que protége Mothra
( la mite géante ), film que je recommande à tous
ceux qui aiment le kitsch japonais en matiére de monstres.